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... où l'épique, l'intime et le brio donnent tout simplement du rock.
Joël "sous la toque derrière le piano" Raffier (Sud-Ouest)

JFG : guitare de jais      Lys : chant & clavier       Patrick : chant & tambourin      Stéphane Joly : skull batterie       Olivier Dunet : basse de feu

 
 

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"Jukebox Mag" 2012
 
 

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"... Motherfucker rime mieux avec non-carrière"

Fête du fleuve 2009

Interview de Yan Kerforn, pour "Electric Troubles"
(Radio MDM, Mont-de-Marsan 100,1 FM)











Yan : Que représente ce disque ?
Patrick : Notre vie de groupe depuis 2007, cinq saisons complètes d'activité live, avec les cinq mêmes. On a donné très régulièrement des concerts, et on a eu la chance de faire successivement des enregistrements : une démo, ensuite une chanson pour un film indé, un maxi 45 tours qui nous a été demandé par le label franco-berlinois Radioactivity, plus les nouveaux morceaux enfin, enregistrés en janvier 2012. Ces derniers se retrouvent uniquement sur le disque. Cela fait en tout 18 titres, et l'on s'est quand même posé la question de faire l'album parfait si j'ose dire, avec la sélection d'une douzaine pour un 33 tours. Et puis l'on a cédé, à cette facilité hélas pratique du CD, pour tous les réunir... je tenais à l'intégralité du répertoire.

Du coup ça explique qu'il y ait des titres en écoute sur le MySpace, parus sur un vinyle, etc, et puis des chansons inédites et des nouveautés. L'instrumental de "L'air de rien dans la tête" avait servi pour le film "Coup de bordure à Bitterfeld", mais en extraits de quelques petites secondes... Je le trouvais suffisamment cool pour qu'il y soit, intégralement. C'est la troisième fois, sur trois albums publiés avec Lys, qu'on retrouve au moins un instrumental, issu en fait de mes paroles. Cela rend justice aux compositeurs et aux instrumentistes, j'aime ça sur les disques des autres... quand ils sont bons. Et là je le pense, vu que c'est le Slow Motion qui joue (sourire). En dernier, se trouve une prise directe de fin de session d'enregistrement. Lys n'était pas forcément satisfaite de son chant, personne ne l'avait donc entendue hors concerts. Mais je trouvais bien que "Cyber si bernés" y soit, à cause de la fatalité du thème. Et puis la demi-douzaine de nouveaux titres rendent à la fois l'enregistrement, qui s'est fait à La Crypte comme le fut "La Reine Gore", et l'arrivée d'un second réalisateur sonore, JFG, également aux secondes guitares, arrangements, pianos. Depuis, il est aussi devenu notre guitariste, ce qui donne une nouvelle orientation au groupe, avec son cachet. Je recommande d'ailleurs à tous d'écouter le sien, les excellemment suaves quoique piquants JFG & The Irregulars.

Il est où sur la pochette ?
Juste à l'intérieur dans les crédits, parce que le guitaro que l'on voit à gauche, est l'ami Thomas Sinier. Il a joué, composé, arrangé et enregistré la majorité des morceaux du CD. Précédemment il a publié un album chez Vicious Circle avec le duo "Corde Brève", sur la base de poètes XIXème mis en musique, tout à fait charmant. Il a mis entre parenthèses jusqu'à nouvel ordre sa vie musicale, nos années ensemble restent sa dernière participation active... Et il nous a beaucoup apporté !
 
 

Le Scarzello & Lys orchestra est-il un vrai groupe ?
Comment ça si c'est un vrai groupe... ça va pas la tête ! Tu plaisantes ? Bien sûr, non mais qu'est-ce tu crois !?

Ce pourrait être des musiciens que vous auriez réunis...
Ah... oui, évidemment, on a fait le trait d'union... mais tu mets le doigt sur la raison d'être de ce disque. C'est d'autant plus un véritable groupe, que pour la première fois, ça a été la cagnotte du band, des concerts donnés et des fifrelins tombés ici et là, qui a permis de le voir exister. J'avais eu un label dans les 90's, on s'est ensuite pas mal démerdé à publier en asso, avec Le Récif. Pour "De bon matin en robe du soir" on a eu un petit soutien de Bordeaux rock... Bref, bien des façons pour arriver à sortir des enregistrements, mais de nos jours comme tu sais, ça n'est pas trop la joie... et nous avons l'extrême chance, d'avoir tous été partants pour, soit s'en servir pour tourner (et on ne l'a pas fait autant qu'on aurait aimé), soit pour acheter des câbles et autre matos qui manquaient. Enfin, on a tous été OK pour publier... la cuisine interne éclaire l'externe : ce CD est le fruit de notre vie de groupe. Et c'est la première fois qu'il n'y pas de titre à ce quatrième disque que je sors, justement parce que l'intitulé suffit largement... déjà que notre nom a parfois paru trop long... à certains (sourire).

Et le fonctionnement était et reste : une répète par semaine, des gigs dès que possible. On a joué de façon très régulière, ça continue. Chaque fois qu'on a bien voulu nous programmer, ou qu'on a pu bouger... La saison prochaine on compte jouer à Montpellier avec Stalingrad, peut-être à Paris avec les Guttercats, à Lille où l'on a des connaissances.
Le groupe est un peu tout ce dont je suis le plus content dans ma vie, je trouve qu'il n'y a rien de mieux au monde. Il m'a fallu des années pour y arriver... et que le bassiste, le batteur, la chanteuse et moi continuons ensemble, avec le nouveau guitaro qui amène sa personnalité rock à multiples facettes, font que ça n'a jamais été aussi près de tout ce qui compte perso... ça ressemble à une déclaration, voilà. Ca arrive !

Pourquoi cela a-t-il pris tout ce temps ?
Ben... à la fois je sais tout ce qu'il a fallu régler perso, et à la fois je ne me l'explique pas. J'avais 16 ans en plein punk 77, et vite répété avec un groupe de lycée. En suivant, j'ai chanté une reprise un 14 juillet dans mon bled, Beausoleil (la banlieue de Monaco, où habitent les prolos comme mes parents, qui travaillaient pour la principauté). Donc ça a démarré avec un timing parfait, et puis après... on va dire que j'ai un peu beaucoup tourné autour, pour plein de bonnes et mauvaises raisons. Déjà je ne soupçonnais pas à quel point c'était tout ce que je voulais, c'était plus facile de le reconnaître chez les autres que perso. J'ai peut-être fait des rencontres musicales qui m'ont entraîné vers des choses parallèles. Genre les duos auteur-interprète + instrumentiste/compositeur, tu rajoutes une rythmique et des choeurs, ça finit quasi en groupe, mais la formule à deux semblait plus légère et immédiate pour jouer. Et puis on pouvait toujours finir en groupe après, voire au moment d'enregistrer. En fait non.
Ca peut paraître plus difficile de se réunir à plusieurs, être ensemble aux rendez-vous, répés, concerts, etc, parce que plus y a de monde, plus c'est délicat à gérer. Mais musicalement en fait, rien ne fonctionne mieux qu'à quatre/cinq, directement.

C'était peut-être de la peur ?
Et de la timidité sûrement... volontiers solitaire et longtemps à vif... il m'a fallu des années pour qu'un seul instant, je puisse simplement penser y prétendre, le mériter, genre. Y a Lester Bangs qui dit un truc simple, qui m'a beaucoup marqué : "le jour où j'ai monté mon groupe, j'ai réalisé que c'était la plus grande responsabilité de ma vie". J'en revenais pas de lire ça, de sa part, car c'est exactement ce que j'ai ressenti avec La Poupée Barbue. 30 ans pile poil après le punk, j'ai eu l'impression que tout ce que j'avais fait jusque-là dans la musique, ou de para-musical, ça n'était que pour ça, m'y retrouver. Et je me le suis demandé aussi... pourquoi tout ce temps ? C'était le chemin quoi (sourire)... pour certains c'est court, d'autres plus longuet.
Mais j'ai une petite fierté perso, à la différence de plein d'autres qui ont arrêté, se sont mis sur le côté ou décliné dans la fond -en pensant que ce n'était plus si important, mais un truc de jeunesse, juste de belles heures rebelles, etc... n'avoir jamais lâché (sourire).
Et si j'en parle tranquillement, c'est que ça n'est pas qu'un truc de paon. A la dernière répé, on travaillait de nouveaux morceaux. Depuis janvier, Lys qui chante et écrit ses paroles, a avancé une compo pour le groupe au piano, elle rajoute désormais ses notes au répertoire. On se retrouve tous avec une nouvelle fraîcheur, double mint même, à vivre ensemble et à partager avec l'extérieur. C'est enrichissant.
 
 


en écoute









Est-ce que tu te sens nostalgique de l'histoire du rock ?
Oui et non. Toutes les époques que je n'ai pas connues, les 60's où j'étais trop petit, les années 50 pas là, les 40's, 30's, années 20, big bands, blues, country, soul et rhythm'n blues, etc, tout ce qui compte, me va. Je trouve ça fabuleux, nourrissant, ça me parle çacom', et quelque part, il n'y a plus que ça qui me branche à ce point. Un peu comme en littérature, avec les auteurs fin-de-siècle. J'ai lu tous les contemporains les plus motivants comme Despentes, les branchés comme Dustan, l'auto-fiction, etc, mais comment se remettre d'un Léon Bloy et d'un Huysmans ? Là,  pareil. Et ce qu'il y a de très terrible, c'est qu'il me paraissait inimaginable en le vivant en direct, que le monde entier soit un jour nostalgique de merveilles écoutées à leur sortie, fin 70's bien sûr, et même certains trucs des débuts 80's avec encore les Cramps, le Gun Club, etc. J'ai donc l'impression d'avoir un peu suivi l'air du temps, lorsque je me suis retrouvé dans la noise courant 90's, et même là avec Lys, qui appelle son répertorie cabaret gore, ben... seule au piano comme elle, avec mes petites percus derrière, forcément tu te rapproches d'un genre. Et en même temps, il y a eu des moments de l'histoire de la musique, où tout était réuni pour que cela se retrouve sur le même starting-block et soit parfait... ça l'a effectivement été.

Sûr que lorsqu'on parle des Dirtbombs en concert, ça recharge les batteries. Et après, quand pour la première fois, il y a un an ou deux, j'ai vu les Sonics, ben... Hé-Hé. Ca m'a fait plus plaisir que n'importe quel disque de l'actualité du moment, évidemment. Des disques sonic boom géniaux, un live fabuleux des décennies après... et l'impression, qu'il s'avère désormais ultradifficile, pour tout un chacun, de faire aussi bien... Même si les gens sont bons et leur musique disponible, les conditions extérieures ne sont plus réunies. Tu vois le merdier dans lequel on est, toutes les angoisses que chacun partage, l'espèce de charcutage et de voracté du web, la prolifération de tout, quoi... Quelque part c'est un peu mission impossible, et en même temps c'est si beau de le tenter, de jouer sur des Farfisa, etc.
Je n'ai aucune nostalgie au sens premier du terme, puisque mon mode de vie me projette encore et toujours dans le présent... et en même temps, les concerts étaient autrefois des sommets de rencontres, il s'y passait des choses incroyables, cela relevait de moments sacrés. Aujourd'hui c'est pianoter sur son portable en plein concert, je trouve ça insupportable, et un manquement total, de ne pas avoir l'heure et demie de respect pour quelqu'un devant, qui joue.

Il y a quand même des groupes actuels dont tu peux être fan ?
Oui, bien sûr, et comment ! Toujours, parce qu'il y a tant de groupes super... le BJMassacre live, à trois guitares, élève pour de bon... sans parler de tous ces savoureux garage bands (mes options live préférées, en clubs), comme on en voit au moins un par semaine à Bordeaux... Même si, plutôt que de nos contemporains, ça m'est peut-être plus facile d'être fan absolu de la décennie de rêve sixties, des pionniers 50's, et de tout ce qu'il y a eu avant, qui m'a tant manqué pendant que j'étais nécessairement l'actualité. J'ai désormais tendance à rattraper des trucs... rayon "rééditions" quoi. D'autant que, pendant des années, il m'a fallu un peu suivre ce qui sortait pour écrire dessus... Mais par exemple je suis fan et ami de groupes de Bordeaux, Heartbeeps, JFG & The Irregulars, Hurly Burlies, Wonky Monkees, Arno de Cea & The Clockwork Wizards, tous ceux avec Stéphane Gillet à la batterie et Jean-Christophe Pourcell à l'orgue, certains qui sortent même de mes options (comme le doué et activiste Milos), et bien d'autres encore... Prends les Magnetix par exemple, je trouve que leur dernier disque chez Born Bad, c'est la classe internationale, fond et forme, l'attitude, les live, etc... Fan, je ne sais pas si c'est le mot, mais on se retrouve devant des groupes tellement impec', c'est que du fun, voilà, que du motivant... au bout d'un moment c'est un truc de pure reconnaissance, tu sais que si c'est bon, y a pas meilleur, voilà. Donc t'es forcément adhérent au club.

... on retrouve exactement ces heures d'accélération : le pochoir est bien sûr fait main, les déchirures à la va vite, etc.
Pas besoin d'en dire beaucoup plus, tout est pointé sur l'air du temps.

Etais-tu au festival punk de Mont-de-Marsan ?
Hélas non, j'avais juste 16 ans, et j'étais verrouillé, au vrai sens du terme, par mes parents. Cela faisait déjà quelques mois que je m'étais tout pris dans la tronche, mais j'ai juste pu mettre le nom de la ville sur la carte. Ce mois-là, Elvis faisait la une de "Rock&Folk", jamais oublié, et quelques semaines avant-après, j'ai acheté tous les albums anglo-saxons possibles, les singles d'Asphalt, Métal U, Guilty Razors et compagnie. Taï-Luc s'étonnait dans une interview, que certains puissent prétendre avoir écouté tout ça au bon moment. C'était pas dur en fait, les groupes français avaient un distributeur, et même sur la fort reculée et désertique Côte d'Azur, il suffisait d'avoir la référence et de la demander à son disquaire -pas du tout indé du coin-, pour l'écouter la semaine suivante. C'était par procuration sur les grands événements... mais j'avais commencé à fréquenter les concerts. Le premier fut Dentist qui sont devenus depuis les Playboys, et existent toujours, toujours aussi merveilleux. Et à la même soirée, y avait Abject, avec au chant une sorte d'Elvis punk, prénommé Mathias je crois. Ce que j'ai pu faire de mieux côté festivals, durant ces années-là, c'était celui d'Orange. Où j'ai vu Starshooter se faire jeter à coup de canettes, et la classe de Bijou. En 1978 je me souviens bien de Magazine à Nice (backstage, Devoto était charmant, en plus d'être un showman fascinant...), en 79 Iggy le terrible en banlieue de Marseille, en 80 les Stranglers à Nice pour le riot, tous les petits punks de la Riviera ont cassé la fac de lettres... c'était déjà arrivé pour un concert punk annulé précédemment, mais ça avait été moins loin. Et puis Taxi Girl, Clash, Devo, etc.

Pour revenir à Mont-de-Marsan, j'ai récemment cherché des clichés d'époque, pour un projet en cours mené par Punky "stalingrad" Saltet. Et lorsqu'on regarde les photos du public, dans l'arène, on retrouve exactement ces heures d'accélération : le pochoir est bien sûr fait main, les déchirures à la va vite, etc. Pas besoin d'en dire beaucoup plus, tout est pointé sur l'air du temps : les cheveux sont encore pas mal longs côté public, les chemises coupées sans y penser, on s'était tous mis à le faire n'importe comment, à improviser... rien à voir avec l'uniforme 77 tel qu'on le retrouve aujourd'hui. Ta fierté c'était bien sûr de taillader la chemise, comme personne ne l'avait fait avant, et c'était ça qui était fun, voilà.

Connais-tu des gens qui, comme toi, ont brassé diverses activités ?
Il y en a bien plus qu'on ne croit... sauf qu'on a tendance à ratiboiser sur les côtés. T'as l'impression que si tu fais des morceaux garage, des titres surf, tu vas tourner, bien. Mais que si tu ajoutes un peu de psychédélisme dedans et des trucs bizarres, ça va être too much pour les tourneurs pour te prendre aujourd'hui... résultat on présente les gens en prenant des raccourcis. Mais je crois que la vie de chacun est plus large que ça.

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Outre Bordeaux, est-ce que d'autres coins ont compté ?
Fils d'immigrés italiens, le Sud-Est était donc ma région d'origine. Et puis j'ai pas mal connu d'époques différentes à Paris, plusieurs installations durant les 90's, par trip et grâce à des amitiés... l'axe Coronados/"Polly Magoo fan-club"/"Fier de ne rien faire", canaux historiques. J'y avais même bossé comme disquaire dans les années 80... durant les seules semaines de ma vie où j'ai eu des horaires réguliers. Ha-ha. Suffisant pour comprendre que je n'aurai jamais de boulot normal. Le patron de "Paris Musique" avait vu juste : "avec la mentalité que vous avez, ce sera l'usine ou l'artistique !" (sourire). Donc Paris a vachement compté et compte, même si j'y vais désormais trop peu.

Mais Bordeaux ville d'élection, parce que tout ce qui importe, s'y est joué de façon réjouissante. Si je n'avais plus qu'une raison d'y rester ce serait le groupe, la seule nécessaire et suffisante. Et c'était déjà vrai au milieu des 80's, quand j'ai pensé m'y réinstaller. A Paris, mes copains les Coros et autres proches musiciens, faisaient partie des rares qui avaient des caves pour répéter régulièrement. Et je voyais bien que sans moyens, avec tous les musiciens que je fréquentais qui étaient déjà dans leurs histoires, Spider X, Pasadenas, Soucoupes Violentes, etc, je n'allais pas trouver facilement. Et c'est à Bordeaux que ça a enfin démarré, premières chansons perso, premier répertoire. Et ça n'a plus jaâamais arrêté depuis. Je suis peut-être plus fan de la scène de Bordeaux que certains qui en sont originaires. J'en parlais récemment avec les Guttercats parisiens, qui me citent le nombre limité de lieux où se produire à Paris, et me disent que s'ils jouent plus d'une seconde fois dans l'année, leurs copains auront forcément un peu de mal, à venir les revoir... A Bordeaux on joue déjà un peu plus, et tout est à l'avenant, sans chauvinisme. Mais concernant la raya rock'n'roll du cru, je crois qu'on n'a rien à envier aux grandes villes de l'histoire du rock.
 
 











Fin 70's je pensais à diverses destinations, bien sûr Paris. Dans "Best" je lisais qu'il y avait des caves ici où répéter, de nombreux clubs en ville, des groupes et une vraie scène, etc. Quand j'y ai posé le pied, c'était encore mieux que tout ce qu'imaginé... tout était réel, fonctionnait. Ca n'a jamais ralenti, et c'est bien sûr vrai aujourd'hui. Je trouve qu'il y a vraiment beaucoup de bons groupes, qui n'ont rien à envier à personne. Et c'est avéré à tous les niveaux, in Total Heaven chez les disquaires indés de notre rue de Candale jusqu'aux labels remarqués de la place de la Victoire (Vicious Circle en citant à dessein Corde Brève, Talitres avec le fort apprécié The National, "Platinum" Laffargue qui a des projets alternos... et où crèche aussi le fameux soundier Stéphane Teynié, qui a parachevé le mastering du disque), en passant par de nouvelles signatures comme Arnaud d'Armagnac qui écrit aussi bien dans "Abus Dangereux" que dans le web-agenda des concerts qui comptent. De multiples assos vivaces et des lieux qui sont portés par des gens qui aiment la musique, avant d'aimer vendre de la bière, ce qui fait vraiment la différence. Il y a à la fois des survivants qui continueront jusqu'à la fin, et un renouvellement indéniable. Je comprends très bien que des groupes viennent s'installer ici pour faire avancer leur histoire.

A la fois j'ai plusieurs guitaristes amis et compositeurs que l'Europe nous a pris, OD à Berlin (TV Killers, Wonky, Jakes, notre album "De bon matin en robe du soir", Love Lanes et Texas Terri aujourd'hui), celui que j'appelle Eric Placton (cf. Dollar$, notre little $ trio dont il reste des bribes live sur un vieux MySpace, El brindador désormais) à Saragosse... ils me manquent beaucoup tous les deux, et ces destinations en vogue nous ont pris certains des meilleurs. Et à la fois, Matt Dusty Dandy -qui a joué de la basse avec Lys & le Zombie Zoo l'an passé-, avec sa copine de Rewinder, sont installés à Paris, et à moitié sur Bordeaux, qu'il ne lâchera pas. C'est par exemple ici qu'il s'était déniché son tourneur, Ludo Adrenalin Fix. Ce dernier fait tourner Strychnine et des internationaux, comme Buzz qui s'occupe des Magnetix et des Sonics pour tout l'hexagone, genre. Il s'y trouve des fondus qui en font une capitale rock'n'roll (sourire). Donc à un niveau perso, c'est la moindre des choses d'être reconnaissant de tout ça.
 
 

On en avait tellement rêvé, c'est devenu la réalité...
qu'est-ce qu'on pourrait bien vouloir d'autre, hein !?
 

Te retrouves-tu aussi dans les nouvelles générations ?
Oui, bien sûr, avec des groupes comme les Kid Bombardos, les Good Old Days. Ils nous ont amenés à jouer dans leur lieu associatif, on a fait des live ensemble, à la Fête de l'Huma, sur les quais de Garonne, et puis on s'est vraiment connus avec les Kid, qui nous ont invité à des fêtes... Pour des chansons composées par Benoit "bijoux dans le cou" Lambin, j'ai même répété avec le songwriter Mickaël Gachet et  Antoine Roux le bassiste des Good, de bons gars en plus d'être bons musiciens... Et puis autour d'Olivier Martinelli, auteur du vibrant "La nuit ne dure pas" qui narre la vie underground bordelaise, de l'intérieur. La génération des Kid fait partie de ceux qui n'ont pas encore l'âge de toucher le RSA... et hélas de ne pas encore vendre suffisamment de disques pour en vivre. Exactement en parallèle vers 2005, de la génération baby rockers, il y avait un vrai renouveau teenage local, des formations impec. Après AllezLesFilles, l'asso Bordeaux Rock les a programmés, compilés, on s'est rencontrés et on a noué des liens. Parce qu'on a certaines mêmes références, et tout se passe exactement comme en 40, heu... un peu comme en 77 si tu veux, voilou... Sauf que, pour leurs copains comme pour moi, on peut penser avec du recul, qu'il leur faudra plusieurs albums pour s'imposer... alors qu'ils le méritent dès à présent. Mais j'ai bien sûr l'impression que c'est plus dur que jamais, en France, derrière les Wampas il en sort peu... J'ai même l'impression que les Kid se sont faits, entre guillements, gratté la place par Revolver. Et je vois très bien pourquoi ça a percé dans les gros médias par exemple, trop peu curieux, ou alors trop intéressés par le côté clean, bien facile donc de les médiatiser en parlant de leurs qualités, qui ne dérangent surtout personne... pas besoin de culture pour s'y intéresser, pour faire des parallèles avec la musique classique, etc... voilà le genre de groupe qui s'impose ici... et ils ne sont même pas mauvais, voilà... alors qu'en comparaison, les Kid Bombardos sont de vrais artistes avec un univers et une palette, et de vrais rockers dans le mode de vie. Mais hélas on est dans un pays qui souffre musicalement encore énormément.

Tu trouves que le punk a encore des raisons d'être ?
Je trouve que c'est à la fois l'une des plus grandes réussites et un paradoxe de l'histoire. A la fois, jamais on n'aurait un seul instant imaginé en parler après tout ce temps-là... avec les nouveaux arrivants qui ont balayé des trucs, puis les générations suivantes qui ont tant et tant balayé, que ça ne balaie plus rien... et qu'on y revient sans cesse et que tout le monde s'y réfère de tous les côtés, même sans le savoir, chacun téte au biberon punk en fait. Et cela dépasse chacun pris individuellement, parce que cela a été la dernière révolution musicale qui a réuni tout une génération en pour ou contre, même sans s'y référer, les gens y arrivent par analogie, démarquage ou opposition. Avec même des gens qui finissent par te dire : "grosso modo, à écouter, je préfère quand même des groupes un peu avant, et des sixties, ou juste après, post punk et compagnie, parce qu'en valeur absolue, c'éait meilleur, na-na-na...", et du coup, on y est en plein, on y reste, on y reste.

Mais n'est-ce pas mort quand ça devient du punk à roulettes ?
Quand je vois la quête d'un 8-pistes à bandes, d'un Farfisa, ça ressemble exactement à la façon dont on pouvait rechercher le moindre badge, ou le moindre clou de cuir qui pouvait nous faire rêver et penser qu'on était dedans. Quand ça devient industriel, sûr que c'est mort. Mais du point de vue du terrain, et des gens dans la musique, investis dans de vrais trucs, l'esprit punk est devenu synonyme de rock sincère par exemple, voilà. Je vois bien tous les groupes cités, être punk spirit au sens de... pas forcément dans la forme, dans la musique qu'ils font, mais c'est surtout dans ce qu'on y met : une tension, un sens d'opposition, une espèce de vivacité qui perdure, qu'on n'aurait jamais pu imaginer à l'époque. Que tout cela deviendrait comme une matrice, qui habiterait comme ça plusieurs générations successives, encore et toujours...

Et dans ta famille, ça se passait comment ?
Je descendais à la cave, pour lacérer en cachette ma chemise, avant d'aller au concert... c'était une vraie façon de vivre, autrement, autre chose, sortir des prisons (j'avais un pyjama avec des motifs de chaînes dessus, je sortais avec). Du coup, je retrouve ça dans plein de choses aujourd'hui, mais les gens se l'approprient partiellement et à leur façon. Tout ça pour te dire que familialement, il n'y avait rien du tout, ni disques à la maison, ni bouquins... Du coup, j'ai fait les erreurs des petits punks d'alors, qui ont pu croire qu'on était une génération spontanée. Il m'a fallu du temps pour piger combien le punk avait en fait des racines de baobab, très loin de l'image et de l'idée de table rase... Le genre de malentendu qui a, peu ou prou, donné le punk's not dead, et certains groupes français. J'ai à la fois eu la chance d'aimer en direct les bons groupes de l'époque, et à la fois, je ne me rendais absolument pas compte de tout ce que cela devait à l'histoire. Du coup, on a quand même vécu un temps dans l'illusion de cette nouveauté absolue, on croyait vraiment que ça sortait de nulle part... Et pour cause, puisque que nous, on sortait enfin du trou noir complet... culturel, familial... Et ça nous a tellement sortis du no man's land dans lequel on se sentait, qu'on a pris ça plein pot, comme une table rase, suscitant ex nihilo un son et une vision qui n'auraient jamais existé nulle part... Bien évidement, des prémices s'étaient déjà fait historiquement sentir de partout.
 
 










Sans frère ni soeur, du coup, comme il n'y avait rien à ma dispo, j'ai d'autant plus eu l'impression de tout galper tout seul... C'est  à la fois la force des autodidactes, et cela devient leur faiblesse, évidemment. C'est un peu comme dans la musique, lorsque tu apprends à jouer toute seule comme l'a fait Lys au piano, même si tu te dis que t'as pas envie de passer par un conservatoire, ni de prendre des cours ou autre, il t'arrive de penser à comment fonctionnent les accords. "-Et si je regardais la théorie de la musique, et plongeais dans une méthode ?", ça va aider à percuter des trucs sur les accords majeurs, mineurs, et me donner des facilités ou des astuces au final, pour jouer. Comme une blues woman, Lys s'y est mise, arrive désormais à s'accompagner dans son propre répertoire. En regardant comment ça s'écrit et cela fonctionne, tu percutes. Avec le principe des accords tu multiplies par vingt tes possibilités en quelques instants, des trucs qui vont vraiment t'apporter...
Ca répond aussi à ta question sur le temps que ça prend. Quand t'as ton pôpa professeur de lettres, c'est peut-être plus facile de penser un jour écrire... ou quand tu as eu une formation musicale par exemple, de jouer. Aussi bien Philippe Jolly des Standards (qui -amis Scurs exceptés, étaient mes préférés des 80's bordelaises et parmi tous les groupes en St aussi), le gars faisait des super chansons... un peu comme Laurent Sinclair de Taxi Girl, ils font partie des musiciens qui se sont fait taper sur les doigts pour apprendre le piano, lorsqu'ils étaient petits. Donc le jour où ils sont devenus rebelles et punks, ils ont repris mais d'une façon nouvelle, un bagage qu'il avaient déjà. Donc quand même, ça leur a fait gagner du temps... Perso il m'a fallu toute une vie, parce que... voilà (rires).

C'est l'électricité Tchernobyl-Fukushima qui nous permet de parler de nos chères soirées... désolé.

Que penses-tu des Rock School ?
J'ai un exemple parlant. Vers 2006, le chanteur de Strychnine revenait pour une soirée en hommage à son groupe, accompagné de musiciens indéniablement bons, ça le faisait, la soirée a été un succès et j'étais content pour eux, et pour notre batteur de l'époque, Boubou Maldoror, canal Strychnine historique, puis Les Standards, etc... et qui jouait alors avec notre Poupée Barbue. Depuis je les ai vus en novembre 2011, donner un gig au Saint-Ex, à trois avec le premier guitaro de Noirs Désirs, et ça le faisait plus que tout ce que jamais imaginé. Ce soir-là, j'ai eu l'impression de devenir bordelais, quand enfin j'ai compris tous ces gens qui, 30 ans durant, m'ont seriné sur Strychnine. Je n'avais pas le même intérêt qu'eux, n'étant pas allé au même lycée, ni pris de murge ensemble ou autre... je n'étais pas à Bordeaux, n'avais vu que leur ultime live 80's de séparation, et n'avais guère intégré perso, leur dimension historique... Mais ce soir-là, j'ai pigé à mille pour cent pourquoi-comment ils avaient été considérés comme le groupe phare de la ville.

Et pour revenir à la soirée, quelques années auparavant, je trouvais bizarre que deux des jeunes musiciens ne se cognent pas entre eux... Ils étaient bien tendus, bougeaient comme il fallait, et ça jouait quoi... et à la fois c'était bizarre, comme s'il n'y avait pas d'accident. Sans vouloir du tout les dénigrer, j'ai eu l'impression de voir incarnées les réserves que je pourrais émettre... Lorsque Jean-Jacques Burnel joue à la Rock School, il lâche entre deux morceaux : "je n'aurais jamais imaginé voir ça un jour sur les murs, moi j'ai plutôt fait la fuck school". Tout est dit. C'est ce que je ressens aussi, et à la fois, ça a bel et bien été un enseignement pour certains... je vois aussi du coup, pourquoi c'est ratiboisé sur les côtés, c'est un truc qu'on ressent souvent sur plein de groupes récents. Dont les punks à roulettes dont tu parlais, ou le punk industrialisé... c'est du light, du Canada Dry.

Mais je ne serai pas non plus le pire critique de ces lieux, ne serait-ce que parce que plusieurs des musiciens avec lesquels j'ai développé des répertoires (le pianiste du Cymbaliste, le compositeur des "Armées de Verre Soufflé", un bluesman qui m'a supporté à la guitare), gagnent leurs nécessaires fifrelins en donnant des cours sur place. Sans parler de l'histoire des gens qui l'ont faite, puisque si l'on évoque celle de Bordeaux, les mêmes programmaient des concerts dans la pampa, dont Oberkampf, Camera Silens et autres gigs impies que l'orthodoxie rock conservatrice boutait hors des murs bordelais... ou il y à peine quelques semaines, un concert garage de dernière minute, qui dépannait deux groupes en goguette entre La Rochelle-Frantic city et Toulouse.
Prends la Nef d'Angoulême, où l'asso AllezLesFilles m'a invité il y a 2-3 ans pour une rencontre : on te présente des passionnés, des vrais de vrais qui apportent plus que leurs pierres pros. Donc un petit bémol concernant la critique des institutions amplifiées qu'aime faire l'underground... de la même façon que c'est l'électricité Tchernobyl-Fukushima qui nous permet de parler de nos chères soirées. Désolé... c'est un truc d'époque quoi. Jamais on n'aurait imaginé une appellation pareille, certes, ni certains fonctionnements qu'il faut toujours dénoncer, lorsqu'il s'agit d'abus de position dominante... Mais c'est aussi les moyens du temps. Je pense que certains peuvent être plus créatifs que les aspects ratiboisés évoqués. Ca peut surgir de partout...
En 77, mes copains répétaient dans ce qu'on appelait une MJC, tenue par des babas qui étaient nos ennemis personnifiés, le comble de l'horreur symbolique. Mais comme on n'avait ni cave suffisante ni garage chez nous, c'était là qu'on répétait. Les rock schools ont un peu remplacé les maisons de la jeunesse et de la culture...

... et il n'y a même plus de babas !
Exactement ! (sourire) Tu parles à quelqu'un qui a refusé pendant des années et des années, les joints qu'on me tendait spontanément aux concerts, rituel immuable. Sauf que le jour où j'ai commencé à me dire que ça sentait bon et qu'il faudrait faire passer, ben... les gens s'étaient mis à faire ça devant toi, sans plus rien te proposer ! Même plus de babas, effectivement.

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A ta place, quelle serait la formation qui constituerait ton groupe parfait de tous les temps ?
(à reculons) :  Houlà... Comme je le cite parmi l'un de mes saints récurrents, Lux Interior au chant live, j'y ai encore pensé récemment, en tant que performer... et puis parce que côté scène ou discographie, j'en serai incapable, quoi qu'il advienne. C'est dur à répondre, sans y avoir pensé avant... Pendant longtemps j'aurais dit les premiers Ramones, tout simplement...
Comme batteur, je mettrai notre Boubou Maldoror, avec lequel on a donc vécu les années 2006-2007 de La Poupée Barbue, parce qu'il reste l'un de mes préférés, essayé et approuvé. C'est le seul que j'ai jamais vu avoir droit à une estrade au premier plan, au même niveau que le guitariste et le chanteur devant, lorsqu'il battait par exemple aux Francofolies, avec Gamine... Il a un jeu capable de tout, bien bourriner, être follement sauvage, et puis être hyper-subtil, en plaçant le break quand il faut... tant par sa personne que pour son jeu, c'est mon batteur fétiche. Et pour tout ce qu'il manque... basse, guitare, ha-ha... je sèche, il m'en vient trop en même temps... mais le pari est amusant.
 

(après un temps) : ... l'un de nos contemporains à l'orgue, voire aux grandes orgues !, James Leg, même si ce piège s'avère sans fond.
Faut-il penser à ceux connus perso en vrai, ou au moins en direct, effectivement vus live plusieurs fois comme les Cramps, dont l'image et le son restent à vie !?
(... cf. notamment le riot 80's à L'Eldorado)
Et je pourrais en dire autant des si précieux Coronados, pour moult et moult raisons, enregistrements compris évidemment.

Ou bien se pencher sur les discos et s'attacher comme tu le suggères à l'Histoire, donc remonter à ceux jamais approchés de près d'aucune manière, mais dont la quintessence domine toutes les époques ?  Une voix super-basse et scotchante de gravité et de graillon, ou de miel rhythm and soul qui tue, indépendamment même de toute idée de show... remonter au british blues boom pour le guitariste, etc.
Avec une mémoire infoutue de convoquer tous ceux que j'connais pourtant, ça n'en finirait plus... et n'ayant jamais pu saquer les  classements façon "High fidelity"...

Forcément un  chanteur 60's, Ray Davies ou Dylan ou... avec sweet Gene Vincent, Roy, Elvis... Cash et Willie Nelson aux choeurs... et un Beatles minimum, à la basse violon... Johnny guitar Thunders, compagnon dans ses multiples incarnations... en contrevaleur absolue... mais ça remonte... et il faudrait  du coup aussi son  chant...
Oooups, cela nécessite vraiment du temps, pour creuser. Etre pointu ou non, histoire que ce soit plein de sens.
C'est hélas cuisant... quand je lis un bouquin, à la troisième page je ne me souviens parfois plus de la première...

J'ai d'abord pensé aux instrumentistes avec lesquels j'aurais aimé jouer, carrément.  Mais il faudrait songer au perfect band, fondu dans l'absolu ! Et pas seulement les plus écoutés, ou qui viennent facilement et symboliquement à l'esprit !? Aaargh, voilà le prototype de question qui retourne et remue, encore et encore... et dont je serai le premier totalement insatisfait, frustré. Pfff... c'est la question qui sèche, bravo.
L'intégrale Beatles pour l'île déserte (ça peut sembler banal, pas pour moi), et une pirouette alors : de tous temps, même génialement, il n'y a jamais que des groupes imparfaits.
 

... en même temps, ça en fait tout le sel... du sel de chips !
 

Et à quoi aspires-tu à part ton groupe ?
J'ai tendance à renverser ta question : qu'est-ce que je pourrais faire d'autre aujourd'hui, de mieux !? Ca paraît un peu too much à dire, mais c'est même pas une image, à la fois le seul truc qui ait jamais existé à ce point, et à la fois la seule chose qui puisse toujours compter, quoi. Mis à part Lys, avec qui je partage ma vie... et il se trouve qu'elle est dans le groupe, donc tout va bien (sourire). C'est vrai que je n'ai rien trouvé de mieux, vraiment... et la certitude qui va avec, de ne jamais plus trouver quelque chose de plus puissant ou de plus motivant, voilà. Par exemple, j'ai le projet d'un troisième bouquin. Comme les deux premiers étaient plutôt des scènes de deuils, l'un sentimental, l'autre familial, et donc des récits amenés par les circonstances, le prochain si j'arrive à le gratter, ce sera la vie de l'intérieur d'un groupe, work in progress des premières répés aux live, en passant par les festivals, etc. On y revient. Alors si j'avais encore la moindre vélléité d'écrire plus que des chansons, ça revient quasiment au même. A côté, pour l'heure, je ne vois absolument pas .

Ecouter Ruth Brown, Nina Simone et la découvrir ensuite en DVD live, si bien sûr... mais ça ne va faire qu'alimenter l'idée adjacente derrière, cette obsession-là. J'en parlais justement avec le chanteur et les Playboys, ça m'a fait vachement plaisir et vachement touché de sa part. Le premier groupe punk 77 jamais vu de ma vie, qui est resté dans mon histoire à tellement d'égards... les mêmes ont d'abord fait Dentist qui était punk en anglais surtout ("Your dad's gonna be mad" est paru depuis chez Mémoire Neuve en album, c'était la chanson fin 70's que passait Youri Lenquette, chaque dimanche soir sur une radio italienne... avant les radios libres hexagonales) et puis Les Playboys aux tous débuts 80's, avant que n'arrive le revival garage international, avec les Fleshtones notamment et les Prisoners, quelques années après... A Nice déjà, à la toute fin des années 70, ils le faisaient déjà, avec des paroles en français, sous influences Dutronc-Ronnie Bird et toutes les influences 60's, avec orgue. Et donc on se voit, plus de 30 ans après, lorsqu'ils jouent au Fiacre bordelais, et ça me touche énormément, parce que je me rends compte -toutes proportions gardées- qu'on en est au même point. Moi, je suis fan de ce qu'il ont fait, de sa vie, de leur histoire, du groupe, de tout ce qu'ils représentent, et je suis là pour ça. Et ils me citent le Findlater's, ce club niçois rue Lépante qui existe toujours, et où j'étais déjà allé tant et tant de fois, à l'époque, les voir... Et le truc qu'ils me disent, c'est la même chose que je tente de te raconter : ils répètent toujours une fois par semaine, ils n'ont jamais vraiment trouvé de groupe qui les gratte, -j'abonde sur leurs qualités quintessentielles, n'ont rien perdu... ce qui représente une vibration absolue et un frisson total. Et puis on évoque les difficultés du quotidien, ça n'a pas toujours été évident évident, etc. Mais pas de lose là, c'est un constat d'épanouissement tout de même, d'épanouissement  intégral (ils ne se sont jamais quittés, jamais séparés).
Sans comparaison, mais on y pense tous, quand tu lis l'autobio des Ramones, tu te rends compte combien ça a été difficile au quotidien, quand ils se retrouvent à la maison, lorsque les tournées s'arrêtent, comment ils tournent en rond, voilà. On connaît. On avait tellement rêvé de le faire, c'est devenu la réalité... qu'est-ce qu'on pourrait bien vouloir d'autre, hein !?

Tes parents t'auraient vu faire quoi ?
Des trucs horribles, ils auraient été ravis que je sois employé à la banque ou à la poste, voilà.

Tu l'as échappé belle !
Oui... motherfucker rime bien mieux avec anti-carrière. Même si aujourd'hui t'as du mal à le dire, ben, j'ai jamais voulu travailler, par exemple. Et c'est trop tard désormais pour que quelqu'un m'y mette. Je ne sais si c'est la première clé artistique... mais l'impression que ça réunit quand même du monde, pas seulement les punks... voilà pourquoi on a du mal à avoir une musique pertinente, et des mouvements forts, intéressants, etc, la difficulté du temps... Je l'ai lu récemment dans une interview de Darc qui disait pareil, on ne se force pas à le dire, vu qu'on l'a pensé tout au long de notre vie. En revanche, c'est vrai que j'aurais du mal à tanner un gamin, pour qu'il vive des chips qu'on déguste avant de jouer à un concert... en même temps, ça en fait tout le sel... du sel de chips ! Même s'il était un peu amer, on ne peut pas téter que du sucre, on finirait obèse.

... au fait, et les prochaines dates ?
On joue le 20 juillet avec le groupe de notre guitariste, JFG & The Irregulars, dans son répertoire d'auteur-compositeur-interprète. On est sûrs de jouer avec Stalingrad à Montpellier la saison prochaine, une date aller et une autre retour. Peut-être avec les Guttercats à Paris, et il y a aussi des pistes sur Lille. Tout en pointillés, parce qu'on est en 2012. Avant t'avais toujours quelqu'un qui s'improvisait manager, il tenait parfois que quelques mois, mais ça se tentait. Je connais ici Buzz U Turn et Ludo Adrenalin Fix, 3 C pour certains français, et après ? Avant il y a avait des bonnes volontés tout le temps, les mecs tenaient ça 6 mois, c'était pas une vie, ils ne la gagnaient pas, OK, mais ils y allaient. On manque de relais. Tout le monde fait son blog et tout le monde fait son groupe... beaucoup en tout cas (sourire), ce qui se comprend.
Mais pour en avoir parlé avec par exemple les Hot Flowers, ben, ils ont aussi du mal à tourner, alors que leur répertoire sonique tranche indéniablement, et qu'ils ne sont que deux. Ca devrait être moins cher et plus facile. Mais avant de basculer avec un tourneur comme celui des Magnetix, qui fait aussi les Sonics en France, ce n'est pas évident, évident.
 
 

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Saint-Ex 2012, photo Rémi Drunken


Yan Kerforn, "Cafzic"
 

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Légèreté lunaire et substances rock
De Sol, Le Wok en Travaux

Le 20 juillet dernier, au Saint Ex à Bordeaux, Patrick Scarzello et Lys Reygor célébraient les 5 ans de leur groupe, le Scarzello & Lys Orchestra et la sortie de leur album tout frais. Tout frais dans le sens complet du terme, car il faut avouer qu'il existe dans leur répertoire une fraîcheur indémodable, un charme irrésistible, constamment mis en valeur par une interprétation bien trempée et à l'allure singulière. Un très beau disque en somme, aux arrangements fins, vacillant aisément entre légèreté lunaire et substances rock. Un cabaret électrique français entre boogie, chanson et rock n' roll de charme. L'élégance et le style, mais sans minauderies. La classe, quoi.

Sol Hess , auteur-compositeur-interprète

 
 
           Saint-Ex 2012, photo Rémi Drunken
 

 
 

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SCARZELLO & LYS
SLOW MOTION ORCHESTRA
2007- 2012, CD LE RÉCIF

(avec "Rebeu rebelle" sur le sampler)
Saint-Ex 2012, photo Rémi Drunken

Belle plongée en perspective ! Proposant
en 18 titres cinq années de collaboration
entre le singulier duo et Slow Motion
Orchestra, ces amicaux complices
chargés de tisser toiles soniques et dentelles
sonores autour des mots et chants
de l’un ou l’autre. Ayant eu plusieurs fois
l’opportunité de dire ici tout l’aventureux
talent de cette étonnante troupe, nous ne
pouvons, une nouvelle fois, que conseiller
l’écoute d’un quintet, décidément, à nul
autre pareil. Un univers de poésie en travers,
d’alexandrins vadrouilleurs, joli ballet
déréglé où les mots semblent vouloir
courir dans tous les sens. Jeu ou puzzle,
qui finit tableau. Tout d’élégance impressionniste.
Comme du Gainsbourg tendre
ou de l’amusante Barbara, quand Lys
Reygor, artiste multicarte vient souffler sur
la chandelle. Il y a une apesanteur terrible
tout au long de ces chansons- croquis, à
croire que ces deux-là ne portent pas sur
le sol, ne font que l’effleurer. Et quoique
les ombres tutélaires de Pacadis ou
Patrick Eudeline flottent indubitablement
au dessus du gracieux bouillon, il y a parfois
aussi du Bobby Lapointe, autre grand
déménageur de rimes, qui aurait troqué
ses pulls marins contre de plus distingués
jabots et velours. Foldingue légèreté dans
un monde trop brut !

Alain Feydri, "Abus Dangereux"
 
 
 
 

 
 

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"... l’occasion de jauger l’album tout frais de Scarzello & Lys. Pop bohème et dandy rock, arrangements élégants et un Orchestra qui recèle une sélection de cette scène bordelaise qui sait jongler avec les mélodies (Jon Smith, JFG) et de corsaires du milieu rock (le boss de XL Impression, la basse des Hurly Burlies). bordeauxconcerts.com
Saint-Ex 2012, photo Rémi Drunken

 
 
"... une muse lyrique, de fines lames bordelaises... avec des textes pas piqués des hannetons."
Lo Spider, "Dig it !"

 
 

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j'ai écouté avec plaisir votre album eponyme
ma première impression c'est de sentir qu'il y a un vrai band qui joue !
les guitares résonnent à la manière sixtie seventeen pop punk
parfois meme digne des plus belles musiques de series anglaises de ces années là!
je trouve aussi une continuité de lhistoire burdigala rock dont peu de gens aujourd'hui osent se revendiquer!
le batteur est d'une efficacité redoutable car il a su se mettre en retrait pour faire éclore le projet musical  et mettre en valeur les voix et surtout le texte "si precieux"
j'aime le déroulement des morceaux "choix judicieux"
heureux de redécouvrir des morceaux comme aladin le dernier des tailleurs "rip Claude" etc
le bijoux dans le cou est mon préféré "il y en a d'autres bien sur"
cela m'a fait pensé à taxi girl leur premier  maxi" man'quin" mais en version electrique facon slow motion
c'est best!

biz  thierry sabir

ps: ad augusta per angusta
autrement dit c'est par des chemins étroits que l'on arrive au triomphe


 
 

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... Patrick Scarzello & Lys Reygor s'en tirent plutôt bien, surtout depuis qu'ils ont un groupe, le Slow Motion Orchestra. Ces trois musiciens apportent
à la prose de nos deux oiseaux rares, une touche 60's très séduisante, sans jamais tomber dans les artifices inutiles ni les références appuyées. On peut s'en rendre compte sur ce CD : 18 titres entre ballades rhythm'n'blues et chansons garage rock... Rare et délectable ! Une anthologie idéale pour découvrir le duo bordelais.

Fabrice Ribaire, "Rock Hardi"

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Patrick Scarzello