P.Sz. Freak-Club

"Le dernier des tailleurs de pierre" avec Stalingrad
Le Fiacre 2006
(photo : http://commeundoigt.propagande.org/)
 



Julie garden party 2016 
avec Jean-Claude Savy producer, Pascal Dirty Henry, Thierry "stalag" Tuborg & Thierry "stalingrad" Saltet 

 

 
 
 
 

SANS COMPROMIS...
Le roman 2007 de Thierry Tuborg résume en partie son parcours. Un écrivain issu du milieu rock, décide de doubler son éditrice qui le méprise ; transposant dans la littérature le principe du film sur les Pistols, "la grande escroquerie du rock'n'roll" (*). Ce qui donne une histoire décapante sur les moeurs éditoriales, où l'on croise en 1975 le fantôme de Dee Dee Ramone, où l'on trinque au Code Bar, entre l'évocation d'un concert des Dogs et le label référentiel actuel, Lollipop. "J'avais toujours considéré "compromis" comme un mot inachevé qui se devait comprendre comme "compromission"". C'est d'une logique électrique, venant de celui qui fut à la fin des 70's bordelaises, le meneur historique de Stalag. Aujourd'hui à Montpellier, il publie avec Stalingrad "Loseland". 

ACIDE-Cet album 14 titres sonne punk rock à la Ramones/Stooges pour la compo et le son, avec des paroles à l'efficacité aussi juste qu'apparemment simple. Chanter "Je salis tout", ou "Face à mon cadavre", relève d'un bon fond sombre. Tandis que le bassiste-compositeur interprète "45 degrés de haine", et rappelle les Sheriff. Stalingrad marque aussi des points avec ses petits hymnes à la Génération Néant que sont "Ne lâche rien", solidaire et motivant, ou "Les vieux punks (finissent toujours par payer)" dont le vécu ne s'invente pas. Quand l'hommage "Que va penser Eudeline de nous", les acides "Panier de crabes" et "Où étiez-vous quand nous étions morts" font vignettes aussi senties que sincères ; principes devenus trop rares en notre époque virtuelle.

(*) "Les écrivains en costard-cravate", 210 pages, 13 € ; http://thierry-tuborg.nfrance.com
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

STALINGRAD live
"Que va penser Patrick Eudeline de nous ?" La question-hommage est sincère, et Stalingrad reprend d'ailleurs "Planté comme un privé" du même. Elle reflète un état d'esprit développé au fil du set : comment jouer la musique à qui l'on doit tout, en racontant des choses d'aujourd'hui, sans faire comme si l'on était toujours en 1977 ?

Thierry Tuborg, l'auteur-interprète d'origine bordelaise, a plusieurs réponses. D'abord, il se souvient évidemment de son Stalag 70's historique, en deux titres. Et rappelle au fanzine "L'oreille cassée" qui l'interviewe,  que bien des textes récents (ou écrits au fil du temps), prennent aujourd'hui plus de sens encore, dans "L'anarchy en Sarkozie" ; comme chez NTM ou Bérurier Noir. Ensuite, s'il chante "Euthanasie" des Olivensteins ou reprend toujours les Stooges, on apprécie Ronnie Bird en version dynamitée, fluide. Mais ce sont ses propres titres qui taquinent le mieux. Le refrain "45 degrés de haine" se retient, ainsi que leur nouvelle scie, "Les vieux punks finissent toujours par payer", on ne peut plus près du sujet. 

Enfin, les Stalingrad ne se déguisent pas. Aux côtés du chanteur qui s'agite speed, on voit bien que Thierry Saltet à la basse Epiphone altière, aux choeurs et à la composition, est un sacré personnage. Un regard de tueur lorsqu'il joue, un passionné qui se voue au big bad beat depuis toujours (*). Le quatuor de Montpellier a sa cohérence, un son assuré et d'évidence, du jus pour la suite, puisqu'après son CD-6 titres inaugural, il prépare un album.
 
 


 

(*) que de souvenirs si ce n'est communs, parallèles ! Tous ces Vonn, OTH, Provisoires, Vierges, Sheriff, suivis sur vinyles, live et autres... Idem dans "Prenez-en de la haine !" du même, on croirait reconnaître un à un les personnages de son roman noir rock & roll, Jauni Malaria et sa deblond en tête (jusqu'au matelas qui crame...) ; conclusion : les living dead rockers se réincarnent toujours !

+ Mont-de-Marsan punk festival (par Thierry Saltet)
 
 
 
 
 
 
 
 

A LA TIENNE, THIERRY TUBORG !

Tuborg est le vrai nom de ce jurassik punk, descendant des fameux brasseurs... Bordelais d'origine, basé à Montpellier, il concocte de nouvelles chansons après les années Stalag. Et publie des volumes comme on les aime : sincères dans le ton, efficaces dans la forme : qui a dit rock-style ?

"-Lis-ça avant le concert de Stalag, c'est un peu écrit comme "Mort aux Ramones", tu vas aimer !" Un Straw Dog me faisait découvrir Thierry Tuborg, juste avant le festival Bordeaux Rock. En moins phénoménal destroy que le faux-frère, évidemment, mais le ton de pur vécu/pure vérité, ne m'a pas moins immédiatement ému. Toutes ses anecdotes ressemblaient à celles du Havre, de Rouen ou du vieux Nice du renouveau 70's ; avec ici le chanteur de Strychnine au bahut, avant la formation du band, et Cantat à la fin, juste avant celle du sien... Et cette clique de Hell's en Harley qu'il décrivait, la même trentaine de Huns (ça ne s'invente pas !) qui débarqueraient au Luxor... comme au Bar Des Cours de légende locale : bières, joints, rock & roll. 

D'ailleurs, l'acidité de son morceau compilé, "Dernier cri", ramenait mentalement aux années Olivensteins... Etrange piqûre de rappel. Rare impression aussi de découvrir un auteur dont on sent tout de suite l'évidence. Qui plus est, au moment où le gars à crinière blanche, se roule en marcel sur la scène de Barbey... Avant de publier ce mois-ci au Serpent à Plumes "L'affaire Sotomayor", après plusieurs volumes faits tout seul avec son Cercle Seborrhéique. Qu'on a bouquiné en rafale. 
 


"Les années Stalag", donc. Tout un chacun ayant joyeusement suivi le quotidien des groupes, à partir de 76/77, a connu son lot d'anecdotes nickelées et de flamboyance ; mais peu ont eu l'occasion de les raconter de l'intérieur... La gueule de l'emploi et un bon instrument qui garantissent le rôle. Lignée bordelaise de groupes en St. Qui destroye les baies vitrées de la cité U. Envoie ses factures à une adresse parentale obsolète. Tremplin du Golf Drouot, mariage chez Roda-Gil, mais la thune qui manque pour le retour. Rencontre avec Higelin qui gobe la lune, saint-Sylvestre à Castéja. Pas loin de ce parcmètre, le second, que les Stalag attaquent benoîtement à la scie à métaux... presqu'en face dudit commissariat ! Cet excellent genre. Tuborg Stardust. "Le danger, avec le fait d'écrire punk, de chanter/jouer punk et d'amorcer une carrière artistique dans ce contexte no futuresque, c'est l'excès d'identification...", défonces et cicatrices ouvertes comprises. L'amitié dans le gang (avec manager svp), le coeur des biches, et toute une provoc d'époque. 

La sincérité de fond, ainsi que le ton de saga personnelle qu'il a pareillement mis dans ses "Premières gymnopédies", réjouissent ! Le gamin est bon en français,  mais ça coince à la maison, "si j'avais le malheur d'accueillir une amie dans ma chambre, c'est tout juste si mon père n'exigeait pas de se faire une idée de la libido de son fils... Me préserver de tout contact familial a toujours contribué à mon équilibre et appétit de vie. Mon père, le seul être humain à avoir par trois fois lancé les flics à mes trousses..."

Car bien sûr, il fugue. Tombe sur un couple d'éthéromanes. Fait le roadie pour Lou Reed. Résultat, émancipé à 16 ans : "cannabis, partenaire officiel de mes années 70... Sans autre famille que mon groupe de punk-rock et les éducateurs sociaux". Direction Amsterdam pour acheter et ensuite revendre. "Tradition, qui confectionnait le joint ne l'entamait pas, mais le tendait à l'autre ; un petit calumet de la paix". Sauf que les musiciens de Can lui font trimbaler un bloc de 300 gr, et le laissent seul se dépatouiller à la douane. Direction neuf semaines de détention en ex-RDA, "l'équivalent des vacances scolaires d'été. Kick (le Strychnine chanteur) m'écrivait les démarches pour un avocat bordelais, sa soeur fricotant avec un membre de la pègre..."

Ce qu'on aime dans ses bouquins, c'est l'humain. Qui fredonne un air pour se réconforter, ou se met Thunders. Qui sait bien que les chats ont leur sourire. Qui garde son âme d'adolescent. "Etait-il si astronomique d'imaginer un métier passionnant ?" Freak brother et rebel rebel quoi ! Parce qu'il y a aussi chez Tuborg des critiques senties du système, les notes d'un humour jamais forcé, ainsi qu'une capacité à surprendre le lecteur par quelques volte-face bien perso. Une mémoire enfin, capable de restituer à cent pour cent le vécu, sa limpide vérité. Ou bien qui confère à ses ouvrages romanesques, une belle lucidité populaire (*).

Réfugié dans la pinède de Lacanau, l'animateur de "La Dune aux chats" a du feeling sauvagement solitaire. Et développe une "petite philosophie cioranique", entre la protection de ses félidés et la rencontre d'une jeune eurasienne. "Danza Caracteristica" rythme un romantisme pas gnagnan, entre un prof de musique aveugle (qui recouvre la vue grâce aux techniques modernes) et une jeune réfugiée haïtienne. L' inspiration de ces deux-là remonte au milieu des 90's. 

Depuis, son écriture sans fioriture est devenue plus critique socialement, avec un sens affirmé des dénonciations. Dans "Un bleu baléare", un auteur alcoolo doit pondre un pamphlet contre un illustre intello. L'occase d'une charge féroce contre les formateurs d'opinion. "L'élite, n'avions-nous pas remarqué, éprouvait tant d'aversion pour le mot social que dans la bouche de ses membres, il se prononçait sociétal, tout comme libre se disait libéral". "La psychotronique pour tous" soutient un rythme haletant chez le hacker killer. Qui connaît aussi bien le Web que l'âme humaine. "... si la majorité des hommes que la pauvreté et la contrainte aliènent, apprenait à réfléchir par elle-même, elle s'apercevrait alors bien vite que la minorité privilégiée n'a pas la moindre légitimité, plus la moindre autorité, et l'éliminerait au lieu de persister à la servir dans la crainte, la honte, le désarroi et le sang".

Ainsi, ses héros le dévoilent parfois "... tenter de comprendre comment les autres pouvaient en arriver à se soumettre et à se résigner à ce point, alors que je n'y parvenais pas, n'y parviendrais sans doute pas. C'était l'énigme"... Ou le motivant secret !

(*) à commander via le http://thierry-tuborg.nfrance.com (épuisés, "Même pas mal !", "Même pas peur !", compilent son journal toujours en ligne, démarré bien avant la vogue du blog)
 
 
 
 
 
 


"L'affaire Sotomayor" se lit comme une "Brigade Mondaine" -j'en ai dévoré à une époque...- sans les ficelles, mais avec au contraire des astuces de narration et du vécu pas gratuit en plus. 

Le truc de l'auteur, c'est de raconter chaque chapitre à la première personne, d'en distiller ainsi le plus intime ressenti. Celui de Rebecca, "morte depuis que mon père me viole depuis mes 12 ans". S'agit de Manuel Sotomayor, producteur quadra, winner du ciné et des pages people. Un jurassic punk va recueillir les confidences de sa fille, avant d'étrangler celle "qui avait naturellement ce que la plupart se fabriquaient, le visage et les cheveux d'un ange" ; et vient de subir une tournante avec le pater et ses assistants. 

Entrent en scène la mère délaissée qui veut une explication (et se fait suicider) ; un journaliste dupe et aux ordres, qui veut surfer sur la vague de l'opinion ; le metteur en son qui balance son violeur et meurtrier de réalisateur. Ca semble se terminer par une apothéose en direct, de baudruche dégonflée en prime-time, dont est témoin Tuborg lui-même. 

Et ça balance entre les lignes, sur le temps et ses moeurs ; sans manquer de détails/vérités du quotidien, et de petits clins d'oeil (la standardiste Gabba-Gabba-Hey, un vers de Bowie), qui nous font dire qu'un romancier comme ça, on y croit.


 
 
 
 
 


 

"Si tu savais le nombre de témoignages de lecteurs et trices accros à mon journal publié en direct !"

-Je l'imagine volontiers... Qu’as-tu pensé des groupes que tu as pu voir à Bordeaux rock ?

Thierry Tuborg : Barbey était bondé, souviens-toi, plein à craquer, ils ont dû laisser entrer davantage que convenu, c’était incroyable ! Résultat, nous ne pouvions pas tellement bouger. Je suis parvenu à me frayer un chemin jusque devant la scène pour Standards, parce que notre bassiste Beber est aussi le leur et que j’aime bien avoir l’occasion de voir Beber sur scène, il est tordant comme garçon. J’ai aimé, Philippe Jolly est toujours aussi dingue. Ah ! Oui, je me souviens avoir également assisté à l’ouverture des hostilités par certains Scarzello & Lys, très rock’n’roll classieux, mais j’aimerais bien avoir l’occasion de les voir accompagnés d’un véritable groupe assez sauvage.

-Des anecdotes...

À l’issue de notre unique répétition sur les lieux même, le samedi après-midi, je suis allé à la rencontre de Gérard, le bassiste de Stilettos, à qui je devais rendre des comptes depuis tout ce temps : j’avais quitté Bordeaux en 1982 en embarquant une guitare qu’il m’avait si gentiment prêtée (nous travaillions des chansons ensemble). J’étais dans mes petits souliers, tu peux me croire. Je lui ai remis un enveloppe avec de la thune, et l’ai humblement prié de me pardonner cette connerie de jeune punk. Gérard m’a affirmé que s’il était tombé sur moi à cette époque, il m’aurait fait cracher mes dents. J’ai dit que je comprenais, que le Thierry d’aujourd’hui était revenu pour tenter de réparer toutes les bêtises du Thierry d’alors. Il y avait du boulot, et du reste je ne me souvenais pas de tout.
Tu sais, je n’avais pas remis les pieds sur Bordeaux depuis 23 ans. Chaque minute de ce samedi 22 janvier 2005 me procurait un incroyable flash, une montée d’adrénaline, un choc cérébral, au gré des visages qui apparaissaient, des retrouvailles, des interrogations (« Qui peut-il bien être ? »).
Et j’ai appris lors de cette soirée-là, compte tenu que Stalag a joué à minuit et demie, que j’étais désormais capable de résister à la tentation de boire ou de me défoncer avant d’entrer sur scène y compris durant plus de trois heures d’attente, livré à moi-même dans une soirée rock. La sagesse du vieux punk. Les autres Stalag n’en revenaient pas !

-Et Stalingrad ?

Stalingrad est donc mon groupe actuel, depuis l’été 2004, à Montpellier. C’est du punk rock 77, du Stalag puissance 1 000, influences Stooges/Ramones, textes en français. Nous reprenons deux titres de Stalag, Coupables qui sera sur le disque et Carolus d’Or uniquement pour la scène. Notre mini-album sortira vers octobre, chez Be Fast et Julie Records (Julie a produit Freddy Lynxx, Jeff Dahl, Kevin K…). J’aurais préféré sortir le disque au printemps, en même temps que mon livre au Serpent à Plumes, mais la production a besoin de temps pour mettre en place la tournée promo, donc automne. Nous avons enregistré début janvier, nous sommes sur les nerfs, et allons sans doute faire quelques concerts d’ici l’été histoire de nous défouler. Bien entendu, j’adorerais que nous jouions sur Bordeaux, à bon entendeur salut !

-Ce EP inédit de Stalag, que représente-t-il exactement ?

Notre 45 tours d’origine, Date Limite de Vente, sorti en 1981, s’échange aujourd’hui autour de 90 euros. Ça a fini par nous casser sérieusement les couilles, ce business de collectionneurs sur notre dos. Tungstène et moi avions commencé par lancer des CD de Stalag, en Do It Yourself, aux alentours de 6 euros, mais ce n’était pas top. Alors mon label actuel, Be Fast, s’est mis sur le coup pour sortir à un prix honnête ce EP vinyl 4 titres (Dernier Cri, Carolus d’Or, Sauf nécessité, Les Fusils). Ils ont remasterisé les titres, c’est du bon boulot, et la pochette est assez chouette. On peut se le procurer directement par moi, d’un coup de mail (thierrytuborg@aol.com), en attendant que la distribution soit effective. Je pense que sur Bordeaux, Montpellier et Paris, il n’y aura pas trop de problème.
 

-Tu tenais ton journal bien avant que le blog soit à la mode ; c’est une activité quotidienne, nécessaire, complémentaire, un contre-point entre des histoires inventées et des récits biographiques ?

J’ai entamé la rédaction de mon Journal Perso en 1995, c’est donc la dixième année, là. Il est mis à jour en direct sur mon site internet (http://thierry-tubog.nfrance.com). C’est une sorte de digression indispensable à l’écriture de mes fictions, le besoin de décrire le plus fidèlement possible ce que je vis, ce que j’éprouve dans la vraie vie. Et puis ça devient un petit témoignage ethnologique : l’évolution de l’état d’esprit d’un vieux punk au fil des ans, des événements. En 1995, on peut lire mes galères avec les éditeurs, mon côté sombre, mes tentations de me supprimer. Quelques années plus loin, on découvre un Thierry Tuborg euphorique qui ouvre Le Cercle Séborrhéique et se réalise enfin ! C’est une bonne illustration de l’existence, de la ténacité. Le titre de La Grande Sophie Du courage, ça va très bien avec mon Journal Perso.

-Aimerais-tu qu’il soit finalement (ré)édité ?

C’est une bonne chose qu’il soit en libre consultation sur mon site ! Si tu savais le nombre de témoignages de lecteurs et trices accros à mon journal publié en direct ! Toutes ces personnes y puisent quelque espoir, quelque force, quelque joie… J’ai une lectrice devenue amie (la bise, Daphné !), une vraie fan qui a acheté tous mes livres en plusieurs exemplaires, qui se connecte tous les jours, et qui travaille dans la réinsertion des jeunes en difficulté. Elle sait quel est mon passé, que je suis issu moi-même de cette galère socio-éducative, après l’émancipation et la taule à 16 ans etc., et elle me dit qu’elle cite souvent à ses jeunes l’exemple de l’ex-petite frappe que je suis !
J’avais commencé à publier au Cercle Séborrhéique le premier tome de ce journal (Même pas mal !…), mais il est définitivement épuisé, c’est trop cher à fabriquer par rapport aux ventes, compte tenu que le Journal Perso est en libre consultation sur mon site. Oui, il faudrait qu’un gros éditeur accepte de le distribuer, mais ça pourrait signifier l’arrêt de sa publication en direct sur le Net. Faut voir.

-Au Serpent à Plumes, quelles transformations a connu "L’Affaire Sotomayor" ?

La plus grosse correction, c’est la fin du roman. Le directeur de collection, Daniel Picouly, m’a pris complètement en défaut sur cette fin : « Écoute Tuborg ! Tu écris un roman noir, et tu nous colles un happy end ! D’accord, on est tous avec toi, ce salaud, il faudrait qu’il crève, on aurait tous envie de le tuer… Mais dans le roman noir, c’est autre chose, mon garçon ! Les salauds s’en sortent, pas de happy end ! C’est ça, le vrai noir… » Dont acte, j’ai modifié la fin. En revanche, j’ai dû batailler ferme lorsque ses autres corrections ne me convainquaient pas du tout.

-Quel a été le déclic pour eux ; les autres projets ?

Ma rencontre avec cet éditeur est assez insolite : un de mes lecteurs qui écrit également était en négociation avec le responsable de cette collection, et, va savoir ce qui lui a pris, il lui a fait passer quelques-uns de mes romans qu’il avait chez lui. Le lendemain, ce responsable m’appelait afin de faire connaissance. Depuis, il a zappé le garçon en question et m’a signé deux titres (L’Affaire Sotomayor, donc, qui sort ce 17 mars, et Psychotronique, mode d’emploi, qui sortira en 2006). Je précise que je n’avais rien demandé, ne proposant plus mes manuscrits aux éditeurs depuis deux ans. Il ne s’agit pas d’un aboutissement, ils veulent me spécialiser dans le noir alors qu’il ne s’agit que d’une partie marginale de ma production. Cela dit, j’aurais été stupide de ne pas donner suite. Un peu de fraîche qui rentre, au moins.
Je continue l’aventure avec Le Cercle Séborrhéique, bien entendu ! Le Serpent à Plumes n’a pas l’intention de me signer tout et « n’importe quoi ». D’ailleurs, à l’heure où je vous parle, je ne pense pas qu’un autre de mes romans « généralistes » les intéresse. 

-Où en est ce volume sur un écrivain qui, façon Rock’n roll Swindle, dynamite le milieu...

Le roman que je suis en train de terminer, Les écrivains en costard-cravate, n’est semble-t-il ni pour eux, ni pour un autre éditeur traditionnel, étant donné son contenu (c’est un peu la transposition de La grande escroquerie du rock’n’roll dans le milieu littéraire). Il finira sans nul doute au Cercle Séborrhéique, comme au bon vieux temps (normalement fin 2006). Mais peut-être, fort de mon entrée en librairie avec L’Affaire Sotomayor et Psychotronique, mode d’emploi l’an prochain, et sous réserves d’un bon accueil des lecteurs, serai-je davantage en position de faire signer des bons romans comme La Dune aux chats, Premières gymnopédies et Un bleu baléare chez un autre éditeur. 

-Tu avais démarché les éditeurs auparavant, peux-tu revenir là-dessus ? 

J’ai reçu quelques marques d’encouragement, notamment de la part d’Yves Berger et de Christian Bobin, dans les années 90. Mais il faut se rendre à l’évidence : le milieu de l’édition traditionnelle t’est complètement fermé si tu n’es pas du sérail. C’est un milieu pas vraiment rock’n’roll, très hypocrite, composé de snobs et de petits-bourgeois obscurantistes, y compris dans la partie « rebelle » de l’édition française. Rebelles ? Rebelles d’opérette, oui ! Aristocrates un peu fripons sur les bords, rien que des petits branchouillards laqués et maquillés comme des voitures volées, qui placent leur insolence et leur audace dans le sexe, le leur, leur petite superstar de bistouquette, et qui ignorent tout des véritables préoccupations de leurs contemporains.
Ne me reviennent pas automatiquement, là, des anecdotes particulières, pour tout dire je me suis empressé de zapper cette sale période de mon existence lorsque j’ai créé Le Cercle Séborrhéique, mais on peut se référer aux pages de 1995 à 2000 de mon Journal Perso, sur mon site internet, pour tomber sur des épisodes vécus à cette période.

-Et Montpellier ?

Montpellier, c’est le fief des légendaires OTH et Shériff. A Montpeul’ comme dans n’importe quelle autre ville, de nos jours, ce sont des centaines de groupes de rock qui jouent dans des dizaines de petites salles ou dans des bars, il y a des concerts quasiment chaque soir. Si mon groupe Stalingrad est parvenu à obtenir un label pour notre disque aussi facilement, c’est eu égard à mon passé dans Stalag et à celui de notre bassiste Thierry « Punky » Saltet dans La Déconnection, et grâce au fait qu’un éditeur sort un de mes livres ce mois-ci en national. Car pour la plupart des autres groupes de rock, ici, c’est la grosse galère pour parvenir à s’imposer, se faire remarquer, tourner, enregistrer. Il faut vraiment avoir un charisme incroyable, en plus d’être bon, bien entendu. 

     
     
     

    Stalag, "Dernier cri"  (Mémoire Neuve)
    Depuis que j'ai foulé les pavés bordelais, les échos de la légende Stalag n'ont guère cessé... Troisième décennie plus tard, via 15 titres studio et live, des fans reconstituent l'album 33 tours que le band n'a pu graver, durant ses années 1978-82 d'existence. On retrouve la voix qui aboie et roule les "r" (à la Johnny Le Pourri) avec du charme perso, ainsi que les mots et thèmes de Thierry Tuborg (de son vrai nom). 

    Son acidité a perduré au fil du temps : ses books sonnent tous vraiment rock'n'roll, et son nouveau Stalingrad from Montpellier, en activité high energy... Les titres vintage (cf. l'influence vocale de Strychnine sur "Interdit aux moins de 18 ans") sont autant de hauts le coeur adolescents, des tranches de "Marche ou crève" en dents de scie :  frustration, larmes, ennui, clashes relationnels, véhémence never mind, clivages province/Paris, fun aussi. Une histoire de rebelles. De petits punks français de la fin 70's. Qui ont droit à ce vinyle documentaire à la patine empoisonnée... comme certaines putains de vérités qu'à 17 ans déjà, on savait.

 


 
 
 
 
 
 
 
 
 
  
Julie night fever 2016
with Annick, Patricia, Lys, Anne-Marie
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